La Mangeoire, œuvre percutante de Charles Djungu-Simba K., est une fable contemporaine qui dénonce la prédation des élites africaines. À travers une satire mordante, l’auteur met en lumière ces dirigeants et cadres censés œuvrer au développement du continent, mais qui, au contraire, participent activement à son appauvrissement.
Dans cette œuvre, l’Afrique postcoloniale est décrite comme un espace miné par la corruption, les réseaux mafieux, et la jouissance immédiate, où les priorités nationales s’effacent devant les instincts les plus bas. La chaleur accablante, les musiques nocturnes, les viandes grillées à outrance pour masquer la pourriture, les litres d’alcool absorbés à n’en plus finir, et la sexualité exhibitionniste servent ici de symboles puissants d’une société en perte de repères.
Djungu-Simba brosse ainsi le portrait d’une population abandonnée à l’euphorie factice, encouragée par une élite complice du désordre. Il évoque avec ironie les héritages du système colonial — notamment la fameuse pombe-masanga (bière) — devenus les piliers d’une indépendance détournée de sa vocation initiale.
La Mangeoire s’impose comme une œuvre nécessaire dans le paysage de la littérature congolaise engagée, en donnant une voix forte à la critique sociale, politique et morale d’un continent en quête de dignité et de véritables alternatives
